La vie de saint Viateur
Par Bruno Hébert c.s.v.
Son époque
Il n’existe pas de biographie d’époque de saint Viateur. C’est par des fragments de la vie de son évêque saint Just (300-390 environ) que nous le connaissons. Les biographes récents disposent aussi pour se guider de l’histoire générale de l’époque.
Ce que nous savons, c’est que Viateur était lecteur de l’Église de Lyon, qu’il était très attaché à son évêque, au milieu d’une population industrieuse, à demi christianisée. Nous savons aussi que Lyon était déjà la capitale de la Gaule et que l’évêque Just, son chef spirituel, jouissait d’une grande réputation, lui qui participa à au moins deux conciles à l’étranger.
Sa famille
Quant à savoir si Viateur venait d’une famille aisée et à quel âge il est devenu lecteur, à quel âge il est décédé, on nage dans les suppositions. On présume qu’il était nettement plus jeune que son mentor et que ses parents avaient les moyens de le faire instruire, les études étant le privilège des familles aisées à l’époque. L’apport d’une aide financière extérieure à la famille n’est toutefois pas, ici, à exclure.
Le Lectorat
En ces temps d’établissement d’une Église qui, maintenant libérée des persécutions, s’organise, le lectorat est un ministère permanent – c’est dire qu’il est important. À son titulaire est confié le soin du Lectionnaire, précieux recueil des textes sacrés, Parole de Dieu qu’il proclame à l’ambon lors des cérémonies religieuses avant que l’évêque ne procède à l’enseignement du bon peuple.
Le Catéchuménat
La conservation des livres saints, rares et d’autant plus précieux, et sans doute aussi leur transcription, lui incombent, de même que la préparation des catéchumènes au baptême prévu pour la nuit de Pâques. Que le P. Querbes ait vu dans ce « très saint jeune homme » un modèle capable d’inspirer ses maîtres d’école n’a rien là pour surprendre.
La fidélité de saint Viateur à son évêque saint Just
Ce qui surprend par contre, c’est le départ précipité de Just pour le désert avec l’intention, à défaut de connaître le martyre, de se refaire une sainteté chez les anachorètes. C’est du moins ce que croit Viateur à qui le vieil homme a fait des confidences. La question du droit d’asile bafoué quelques jours plus tôt par les notables sur le perron de la cathédrale, n’a été que l’élément déclencheur de ce volteface. Viateur, esseulé, n’entend pas vivre éloigné de son maître. Il court le rejoindre à Marseille en partance pour l’Égypte.
La sanctification personnelle
Le moment est venu pour les deux hommes de se consacrer dans le plus parfait anonymat à l’œuvre de leur sanctification personnelle. Le saint évêque mourra quelques années plus tard, suivi de près par son compagnon. Des Lyonnais ont fini par les retracer de leur vivant au désert de Scété à 60 km d’Alexandrie. Ils ont tenu plus tard à récupérer leurs précieux ossements en un retour au pays à couleurs d’apothéose.
Aujourd’hui, qui l’eût cru, le nom de Viateur est connu à plus d’un titre un peu partout de par le monde, tout cela grâce au Père Louis Querbes et à ses disciples.